Notre école alternative à l’île Maurice : Voici l’histoire de sa création !

Le secondaire et le terrain de football devant

L’Odyssée du Savoir, notre école alternative à l’île Maurice, a ouvert ses portes en 2018. Mais connaissez-vous l’histoire derrière sa création ? Cet article va vous présenter les membres fondateurs de l’école, les raisons pour lesquelles ils ont voulu créer une école démocratique et alternative sur l’île mais aussi les projets à venir ! Voici donc quelques questions posées aux membres fondateurs actuels.

Qui sont les membres fondateurs de l’école et comment vous êtes-vous rencontrés ?

Nous sommes une douzaine de membres fondateurs à nous être rencontrés en 2016 pour la première fois. Nous habitions presque tous Tamarin et chacun dans son coin avait déjà l’idée en tête et le « hasard » nous a mis en lien. Les membres fondateurs étaient :

Sylvie Gravil, Laurent et Mayssoun Marmin, Sophie Lennon, Julia de Gersigny, Marie Ducray, Lydie Galasso, Gilbert Carosin, Vincent Feuvrier, Geraldine et Sebastien Rousset, Elodie Mouterde, Vincent Piat-Kelly.

Les aléas de la Vie font que nous sommes aujourd’hui 3 membres encore actifs : Lydie Galasso , Geraldine et Sebastien Rousset.

Certains étaient des parents qui comprenaient les limites de la méthode d’éducation traditionnelle et en désirait une autre pour leurs enfants (mais il n’y avait pas d’alternative à Maurice). Sylvie Gravil était la directrice d’une ONG, Anges du Soleil, qui scolarisait des enfants issues de familles défavorisées et ne trouvait pas assez de place dans les écoles privées pour ces enfants. D’autres avaient souffert, jeunes, dans le système éducatif et désiraient seulement participer à une belle aventure !

Quelle a été la motivation principale derrière la création de l’Odyssée du Savoir ?

Les limites du système scolaire traditionnel ! Il ne rend pas les enfants heureux (sauf exception) et forme (formate) les enfants à un monde qui est en crise / transformation profonde et n’existera plus demain. Il y a un maillon essentiel qui a été perdu quelque part et l’enfant a une part de solution en lui.

A l’ODS, un enfant est considéré comme une graine avec un potentiel déjà existant en lui / elle. Notre but est de lui donner de la bonne terre (un environnement riche), de l’eau, un peu de fumier, du soleil et lui laisser avancer à son rythme découvrir QUI IL EST et ce qu’il a de beau à offrir au monde ! Il est pour nous D’ABORD IMPORTANT que l’enfant soit heureux et bien avec lui-même avant de s’attaquer aux apprentissages. Un enfant heureux et confiant va apprendre beaucoup plus vite qu’un enfant malheureux et refermé sur lui-même.

Nous voulions aussi d’une école à l’image du monde. Nous avons à l’ODS des enfants mauriciens de toute races / religions, des enfants Special Needs (quota de 10% max), des enfants de familles défavorisées (25% max), des enfants de familles expatriées (Français, belges, sudafricains, anglais, russes, chinois…). Cette diversité et surtout l’inclusion de tous participe à faire de nos enfants des citoyens ouverts à la différence et respectueux des autres. Nous désirons rester à taille humaine (80 élèves maximum pour le primaire) avec un taux professeur / élève de 1 pour 8 ou 10.

Quelles ont été les étapes clés dans le processus de création de l’école ? En quelle année tout a commencé ?

La première rencontre entre 6 membres fondateurs a eu lieu en août 2016. L’équipe s’est rapidement constituée. Nous avons d’abord beaucoup échangé, regardé un grand nombre de vidéos, lu des livres, visité quelques écoles alternatives en France, mis en commun nos visions respectives.

Puis nous nous sommes partagé les tâches. L’école a finalement ouvert ses portes en janvier 2018 dans une petite maison à Tamarin avec 14 élèves. En mai 2018, nous avons déménagé à Pierrefonds dans une ancienne grande maison de propriété sucrière aménagée par Médine.

Quelles ont été les principales difficultés ou obstacles que vous avez rencontrés lors de cette création ?

Aucun de nous n’avait pour métier l’éducation. Il nous a fallu beaucoup de bon sens pour avancer. Il n’y avait aucun exemple d’école alternative à l’île Maurice de ce type et il nous a fallu l’inventer. Le système éducatif mauricien ne permet que 3 types d’écoles : français (Bac), anglais (Cambridge) et le Bac international (IB). Nous avons choisi le système français car son curriculum, à notre grand étonnement, dans son préambule, donne une très large marge de manœuvre sur les méthodes à mettre en œuvre pour parvenir au but qui est l’éducation de l’enfant.

L’aspect financier fût aussi une difficulté car nous sommes une association charitable (ONG) qui n’est supportée par aucun gouvernement. Il a donc fallu trouver quelques mécènes, voir mettre la main à la poche nous-même. Nous voulions à tout prix garder un tarif (school fees) raisonnable car beaucoup de familles ne peuvent pas se permettre de payer de hauts frais scolaires… mais veulent ce type d’éducation pour leurs enfants.

Et ensuite, le scepticisme ambiant : imaginez, « une école où les enfants font ce qu’ils veulent » ! Beaucoup nous ont pris pour des fous !

Élèves jouant de la guitare

Quelles ont été les inspirations justement qui ont guidé la création de l’école ?

Je citerais d’abord Ramin Faranghi, fondateur de la première école démocratique en France en 2014. Ramin est venu à Maurice en 2019 et a partagé son expérience avec toute l’équipe de l’ODS. Ensuite, Frederic Laloux et son livre très inspirant «Reinventing Organisations » sur les entreprises innovatrices dans leur fonctionnement.

Puis le système Sudbury, dont nous nous sommes largement inspirés pour le fonctionnement de l’école. Le conseil de justice (quotidien), le conseil d’école (hebdomadaire) et la liberté de l’enfant à choisir ses ateliers (et son rythme d’apprentissage) sont autant d’idées mises à l’épreuve depuis les années 1960 dans la Sudbury Valley !

Quels ont été les principaux partenaires et soutiens que vous avez obtenus lors de la création de l’école ?

Médine nous a fait confiance en nous louant un espace aménagé à un tarif abordable. Je les en remercie. Ensuite les parents qui nous ont fait confiance au début surtout : pas évident de confier son enfant à une école dont la méthode n’a pas encore fait ses preuves à Maurice !

Quelles ont été les principales décisions que vous avez dû prendre dès le début ?

  • Choisir une méthode de base (Sudbury)
  • Avoir la foi et s’engager financièrement sans filet de secours
  • Ne pas se préoccuper du « qu’en dira-t-on »

Quels ont été les moments les plus mémorables lors de la première année de création ?

L’évolution des enfants ! Les voir retrouver le sourire et progresser dans leurs apprentissages. C’est généralement la première chose que l’on remarque en arrivant à l’ODS : les enfants y sont heureux, et ça se voit !

Je me souviens d’une enfant de 8 ans qui avait fait 3 écoles avant d’arriver chez nous et était en phobie scolaire. Elle ne pouvait pas monter des escaliers toute seule. En 2 semaines c’était réglé, elle avait retrouvé le sourire et la joie de venir à l’école.

Et un autre qui avait fait deux écoles et refusait d’y aller à nouveau, ne voulait plus quitter l’ODS… après la première visite d 1h1/2 de ses parents ! Il avait déjà compris que cette école était pour lui.

Quels sont vos aspirations pour l’avenir de l’école ?

Nous avons sécurisé un espace pour un secondaire. Il nous faut maintenant construire un secondaire alternatif qui montre que les enfants pourront soit se raccrocher au système universitaire (si cela est leur choix) ou trouver leur propre chemin alternatif dans la vie. Ceci est en chemin…

Nous espérons faire des émules à l’Ile Maurice ; nous sommes prêts à aider et partager notre expérience à ceux qui désirent monter d’autres écoles alternatives dans d’autres régions de l’Île !

Merci aux membres fondateurs qui ont bien voulu répondre à toutes ces questions. Vous pouvez les joindre sur leur mail si vous le désirez : mf@odysseedusavoir.org. Vous connaissez maintenant l’histoire de notre école alternative à l’île Maurice ! Si vous souhaitez inscrire vos enfants, que ce soit dans la partie « Primaire » (5-10 ans) ou la partie « Secondaire » (11-18 ans) ou simplement visiter l’école, n’hésitez pas à nous contacter.